8 - Les grèbes castagneux et huppés à la Haute-Île
Ces deux grèbes sont présents sur plusieurs bassins dans notre département. Nous pouvons voir aussi le grèbe huppé sur le canal de la Marne.
Le grèbe castagneux
Ces deux oiseaux sont différents : la taille, les couleurs du plumage, la forme du bec, le cou.
Le grèbe castagneux est particulièrement farouche. Il n'hésite pas à se cacher dans la végétation après avoir pris soin de cacher les oeufs sous les plantes aquatiques du nid. Alors que le grèbe huppé sait garder ses distances mais il reste tout à fait à portée d'un appareil photo.
Ici un grèbe castagneux bien camouflé, la tête juste au-dessus de l'eau. Si le visiteur n'a pas suivi son déplacement il passera devant sans le voir.
Malgré sa taille il est capable de se défendre face à un grand cormoran. La différence de taille est flagrante. Mais quand il s'agit de défendre son nid l'agressivité est bien présente.
Une fois j'ai eu la chance de voir un castagneux affronter un grand cormoran. Ce dernier était en quête de nourriture et il s'était trop approché du nid. Face à lui le grèbe ouvrit ses petites ailes et poussa des cris. Alerté l'autre grèbe se dépêcha de revenir. La technique a été payante, le grand cormoran a préféré partir plutôt que d'affronter les deux grèbes.
La particularité des grèbes : l'emplacement des pattes et la forme des palmes.
En effet les pattes ne sont pas placées au milieu du corps comme le canard ou l'oie, mais à l'arrière, ce qui leur donne une position plus droite et une meilleur aptitude à la plongée.
Quant aux pattes, les doigts ne sont pas palmés complètement. Ils ont une sorte de membrane qui s'ouvre complètement lorsque le grèbe pousse de ses pieds. Il peut ainsi se déplacer plus rapidement.
Ci-dessous vous pouvez observer les doigts mais aussi la tâche blanche (d'un adulte) à la commissure de son bec. Sur cette photo les ailes ne sont pas visibles.
Vous constatez, comme moi, la clarté de l'eau. La lumière était particulière mais elle montre bien qu"il n'y a pas de déchets flottants ou au fond de l'eau et aucune trace de liquide polluant. Cette végétation aquatique est favorable à de nombreux insectes, batraciens et poissons. Et par conséquent les prédateurs sont présents ou aiment bien venir chasser. N'oublions pas les cygnes, canards, foulques macroules et fuligules qui se nourrissent de plantes subaquatiques.
Cet été il y a eu une nichée idéalement placée. Juste au pied d'un observatoire. Mais les quatre oeufs ont tous disparu, les uns après les autres. Sans savoir pourquoi.
Ce nid flottant s'est déplacé grâce au vent pour s'éloigner un peu plus des ouvertures de l'observatoire. Dans de telles conditions il a été possible d'observer confortablement ce couple : couleur du plumage (spécifique en période d'incubation), la morphologie, l'alimentation et l'organisation du couple pour les 28 jours d'incubation et l'entretien du nid flottant.
Sur cette photo : les ailes sont plus petites que le dos. Vous pourrez les voir davantage dans une vidéo.
Ci-dessous vous pouvez voir la conception du nid, la forme des doigts et leur membrane.
Ci-dessous deux vidéos montrent comment les grèbes s'organisent pendant l'incubation.
Cela aurait été trop beau de voir les oeufs puis les petits grandir. Les grèbons sont comme tous les poussins, couvert d'un duvet agréable au touché !
Pour l'instant je n'ai que quelques photos prises de loin à vous montrer.
Les grèbons castagneux ou huppés sont rayés de la même manière.
Au cri d'alerte les jeunes castagneux plongent. Autant vous dire qu'à découvert il faudra être rapide pour les photographier.
Le castagneux est un oiseau paisible sur les eaux calmes mais de temps en temps il ne supporte pas la présence d'un des leurs, ou même un oiseau trop menaçant pour le nid. Alors il montre son agressivité en chargeant !
Le grèbe huppé
Voici le grèbe huppé. Plus grand, un bec en forme de poignard, un cou plus long, une double huppe au-dessus de la tête et une collerette en haut du cou.
Ce grèbe émettait des grondements sourds formant ainsi des cercles sur l'eau.
Sur cette photo on peut voir les gouttes d'eau sur ses plumes. Elles sont tellement imperméables que le grèbe doit glisser sous l'eau. D'après les informations que l'on peut trouver sur des sites d'ornithologie, cet oiseau peut descendre jusqu'à 20 mètres.
Dans ce parc les grèbes et grands cormorans se côtoient. Contrairement au grèbe (huppé ou castagneux) le cormoran a besoin de se débarrasser de l'eau présente sous ses plumes. Il secoue régulièrement ses ailes et les garde bien grandes ouvertes pour finir le séchage. En effet l'eau dans les ailes et le corps empêche le cormoran de s'envoler.
Par contre le grèbe n' a pas ce problème, il peut donc se déplacer comme il veut.
Ci-dessous un grèbe huppé avec sa belle capture. La taille du poisson est impressionnante. Il est plus gros que son cou. Je peux vous dire que ce poisson a bel et bien été avalé.
Au parc départemental de la Haute-Île nous avons eu en 2011 deux nichées de grèbes huppés avec le même couple.
Il y a eu d'abord en mai un grèbon que vous pouvez voir avec ses parents. Ne le cherchez pas sur l'eau mais plutôt sur le dos de sa mère !
Cette photo a été prise le 8 mai.
Prendre ses repas c'est facile. Pousser des petits cris et la pêche du jour est apportée !
Quelques semaines plus tard (26 mai). Le bec, le cou et la tête sont toujours zébrés mails le corps est couvert d'un duvet.
Le 26 mai "je peux avaler de gros poisson sous les yeux attentifs de mon père !"
Le grèbe a de temps en temps besoin de se dégourdir les ailes, remettre son corps en forme. Il y a donc des moments où l'on peut croire que cet oiseau peut se mettre debout sur l'eau :
ou alors un poisson serait-il coincé quelque part ?
Le grèbon a les mêmes soucis que ses parents, avec en plus, des ailes en pleine croissance qui exigent des exercices pour le vol. Nous sommes le 18 juin.
Et maintenant le 2 juillet : une vraie métamorphose en 37 jours !
Ce même jour il fait ses premiers vols :
(au premier plan une sterne pierregarin, j'étais en train de l'observer lorsque le grèbe juvénile commença ses tentatives d'envol)
Le 9 juillet la technique de chasse se maîtrise de plus en plus, le bec continue sa croissance. Sous cet angle il est long, fin et pointu.
C'est incroyable de voir une croissance aussi rapide. Le défi pour les oiseaux est d'être prêt pour l'automne. Il faut mener sa propre vie, et jusqu'au retour du printemps il y a moins de nourriture même si l'appétit a diminué.
Au bout de deux mois (environ) le jeune grèbe vit seul, la double huppe formée, le long bec a la forme du poignard.
Et pendant ce temps-là ses parents ont commencé une deuxième nichée, de 3 cette fois-ci.
Le jeune grèbe croise son parent mais .... je vis ma vie ! (le 9 juillet)
Le voici le 14 juillet. Cette photo montre la double huppe mais surtout la ligne fine du grèbe lui garantissant un déplacement rapide sous l'eau pour attraper sa proie avant qu'elle ne prenne la fuite.
Ci-dessous, nous sommes le 17 juillet
Certainement la dernière photo sûre du 1er né en 2011, c'était le 30 juillet depuis l'observatoire A1. Il parait plus coloré 13 jours plus tard.
La deuxième nichée de grèbes huppés
La qualité de ce grand bassin a certainement favorisé la deuxième incubation.
Nous sommes le 2 juin, la cérémonie amoureuse des grèbes est visible. Le grèbon est intrigué de voir ses parents agir ainsi.
Les 2 photos suivantes datent du 17 juillet 2011 et les petits sont déjà nés.
Nous pouvons voir la position debout du grèbe. Compte tenu de la distance il est difficile de voir les poussins tombés dans le nid lorsque le parent se relève.
Les grèbons préfèrent se blottir entre les ailes de leurs parents. On voit des petites têtes faire irruption au milieu du plumage. Chaleur, protection et vue panoramique assurées !
Le restaurant est ouvert, un adulte apporte larve de grenouille, petit poisson... Il doit surtout avaler des plumes pour protéger son estomac et ses intestins des arrêtes et autres parties dures du poisson.
Sur les 3 il y en a un plus dégourdi. Il n'hésite pas à descendre de sa mère pour obtenir sa nourriture. Sa croissance fut telle que plus tard la mère ne pouvait plus le porter avec ses 2 frères.
Même plus grand cette différence de comportement était encore visible. Il y avait deux grèbons ensemble et le troisième quelque part dans le bassin. D'ailleurs, aujourd'hui les parents ne sont plus présents dans le parc et je parie qu'il les a suivi ou bien il est parti de son côté.
Les pluies successives ont haussé sensiblement le niveau de l'eau. Le nid a du alors être abandonné. Les parents les ont gardé sur le dos depuis ce jour.
Pour ces 2 photos nous sommes le 23 juillet.
Ci-dessous : nous sommes le 3 septembre. A ce stade ils savent plonger mais ils réclament encore leur nourriture.
Ce jeune quémande son père en poussant les petits cris. "Tu n'aurais pas quelque chose à me donner car j'ai faim !"
Une vidéo faite également le 3 septembre :
Et maintenant le 10 septembre. En une semaine leur morphologie a bien changé. Le cou est plus long, la double huppe est visible.
Le 17 septembre : les 3 frères étaient ensemble. Malgré leur croissance le plumage a toujours les caractéristiques du nouveau né : les rayures blanches et noires ne montrent pas qu'une collerette et ses couleurs vives apparaîtront en haut du cou.
Ce jeune grèbe fait ses premiers vols dans ce grand bassin.
Cette photo date du 24 septembre. Il ne maîtrise pas parfaitement les techniques du décollage et de l'atterrissage mais peu importe. Il assure !
Ce jeune grèbe a été photographié le 26 novembre.
Les rayures sont parties. Combien de temps faudra-t-il attendre pour voir les couleurs de l'adulte ? Je ne sais pas. Mais s'il reste jusqu'à l'été prochain j'aurai beaucoup de plaisirs à le mettre dans cet article.
En effet, aussi bien pour le parc la Haute-Île que pour moi, ce sera la première fois que je suivrai l'évolution d'un grèbe huppé sur une aussi longue période (de mi juin 2011 à ??).
Nous sommes le 31 décembre 2011, deux grèbes présents sur le bassin.
Seraient-ils nos grèbes nés en juillet ?
Et ci-dessous le 7 janvier 2012 nous supposons qu'il fait partie de la nichée de 3 en juillet 2011 :
Le 14 janvier 2012 un grèbe solitaire dans le premier bassin.
Dans la mesure où un grèbe est né à la Haute-Île on pourrait supposer qu'il y reste plusieurs mois. Comme dans le bassin d'à côté il y a deux grèbes à l'apparence du même âge je serais tenté de dire que ce solitaire est leur frère.
Le temps de regarder les fuligules milouins s'éloigner ce grèbe solitaire a fait une bonne pêche :
Le 21 janvier
Le vent dans le dos redresse sa double huppe.
Ce matin 28 janvier 2012 notre grèbe solitaire faisait la toilette de son plumage. En vidéo :
En arrêt sur image. Une plume sous le bec qui sera par la suite avalée. Une valeur énergétique ? Non, il chercher à protéger son système digestif des arrêtes et autres éléments durs de ses proies.
En position acrobatique pour bien nettoyer les ailes.
Dans le bassin d'à côté nos deux grèbes sont également occupés. Faisaient-ils une répétition des scènes amoureuses ?
Fin de cet article.